Curé Belcourt
Missionaire, éducateur, visionnaire, militant des droits de la personne.
En 1859, la paroisse St. Augustine de Rustico accueille un nouveau prêtre francophone, le curé Georges-Antoine Belcourt. Belcourt est né à Québec en 1803, et fut ordonné prêtre en 1827. En tant que missionnaire jésuite, il a travaillé sans relâche dans la vallée de la rivière Rouge pour faire valoir les droits des peuples autochtones et des Métis. Ami du père de Louis Riel, il a rédigé un dictionnaire Chippewa, et il a été le premier homme blanc à écrire abondamment au sujet la chasse au bison, etc. À Rustico, le père Belcourt vient en aide aux Acadiens et Acadiennes, un groupe principalement composé d’agriculteurs et de pêcheurs francophones pauvres. Il a créé l’Institut catholique, promouvant des idées qui encourageaient l’autonomie des paroissiens. Il a créé la Banque des fermiers de Rustico, le précurseur du mouvement des caisses populaires en Amérique du Nord; il a aussi créé une « école modèle » pour éduquer les jeunes gens qui devinrent enseignants, avocats et médecins. Il a établi la première bibliothèque publique gratuite sur l’Île, et il a formé une fanfare qui rivalisait avec les meilleures fanfares de Charlottetown. Son travail acharné et son dévouement ont permis aux Acadiens et Acadiennes de se sortir de la pauvreté. En 1866, le père Belcourt importa la première automobile du Canada, construite par Elijah Ware du New Jersey. Le Ware Steam Wagon a été promu non seulement comme un véhicule qui pouvait voyager sur les routes et la glace, mais aussi comme un engin mobile qui pouvait faire fonctionner une batteuse ou une scierie et pomper l’eau. La voiture arriva à Charlottetown en décembre 1866. Sa première démonstration publique a eu lieu le 24 juin 1867 au pique-nique paroissial à Rustico. Le véhicule a fait sensation! Le père Belcourt a fait la démonstration de cette nouvelle technologie et de ses caractéristiques qui permettraient de faire des économies de main-d’œuvre à l’avenir.
Tiré de l’article intitulé « From Red River to Rustico » de George F. G. Stanley, 1983.
« … Les efforts du père Belcourt pour transformer les nouveaux règlements [du ministère de l’Éducation de l’Île-du-Prince-Édouard] à son propre avantage. Se questionnant pourquoi ne pas encourager les jeunes bilingues à entrer dans la profession d’enseignant, il a lancé une école « modèle » à Rustico. L’école fonctionnait au niveau secondaire et formait de jeunes hommes à être des éducateurs bilingues. Il a engagé un jeune Montréalais, Isréal Landry, érudit et musicien. Les matières enseignées à l’école « modèle » étaient le français, le latin, le grec, les mathématiques, le plain-chant et la musique. L’école de Belcourt a attiré un groupe remarquable d’étudiants; et en moins d’un an, elle produisait des enseignants qualifiés pour les écoles de langue française de Miscouche, Egmont Bay et Rustico. Décrivant l’école de Belcourt, l’historien acadien J. H. Blanchard a écrit :
« Dix de ces élèves ont obtenu leur permis d’enseignement provincial. L’un des élèves, Stanislas Blanchard est devenu avocat et juge, le premier Acadien de l’Île-du-Prince-Édouard à obtenir cette distinction. Un autre, Isidore Gallant, a été le premier Acadien de la province à devenir médecin. »
J.H. Blanchard
L’école secondaire n’était cependant qu’une seule des étapes pour éduquer le peuple. Belcourt fonde l’Institut Catholique de Rustico, un groupe d’études pour les adultes. L’établissement était bien populaire. On y tenait des réunions tous les quinze jours, et celles-ci étaient suivies de questions et de discussions. Pour poursuivre ses objectifs d’éducation des adultes, Belcourt a entrepris d’assembler une bibliothèque de livres en français. Ces ouvrages comprenaient des volumes sur l’agriculture, la cuisine, la couture, la musique, l’histoire, l’art, la religion, la science et la mécanique; certains étaient des dictionnaires, des encyclopédies et d’autres ouvrages de référence.
« Malgré le renouvellement de la charte de la Banque des fermiers, les jours de la banque étaient comptés. La population de la province pouvait bien appuyer la banque et l’évêque de Charlottetown, Mgr Peter McIntyre, pouvait faire des prières sincères pour son succès continu, mais le 1er juillet 1894, la banque fut obligée de fermer ses portes. Elle n’a pas échoué et elle n’a pas fait faillite; elle a tout simplement cessé d’exister. Elle avait été fondée sans réserve financière, mais a réussi à répondre aux besoins d’une petite population rurale pendant une période de trente ans. Elle a laissé derrière elle un monument physique à son existence, et une idée qui a été reprise par le Dr Moses Coady, John Croteau et Alphonse Desjardins du Québec et qui se poursuit jusqu’à nos jours, soit le mouvement des caisses populaires. La Banque des fermiers de Rustico était peut-être la contribution la plus exceptionnelle du père Belcourt au Canada. »
